Deux enfants : la norme universelle ?!!
La France est championne en matière de natalité. 2,1 enfants par femme, je crois. Considérant toutes celles qui n'ont pas d'enfants, cela veut dire que beaucoup d'entre nous en ont plus de deux.
Et pourtant, j'ai l'impression que le modèle : 2 parents, 2 enfants (le chien et le break) reste la norme universelle.
Parce que ce qui se passe le plus souvent, c'est qu'après le premier enfant chacun s'empresse de demander aux jeunes parents : "Alors, c'est pour quand le deuxième?". Comme si avoir un enfant unique était inconcevable, le pêché ultime en quelques sortes. D'ailleurs on entends souvent dire au sujet des parents ayant un enfant unique devenu grand : "C'est bizarre qu'ils n'aient pas eu de 2ème, elle est devenue stérile?, ils ne s'entendent plus?". Comme si les enfants allaient toujours par paire (et la stérilité ne concernait que les femmes !).
Cela sous-entends donc qu'il est inconcevable de ne vouloir qu'un enfant, d'être épanoui et de sentir sa famille complète ainsi.
En revanche dès qu'on a franchi le cap du petit deuxième (soyons fous), nous n'entendons plus jamais ce genre de questions ou réflexions. Ou alors juste pour rire en rendant visite à la maman sur son lit d'hôpital : "Bon alors vous êtes prêts pour le 3ème" en attendant une réponse négative et ce de manière catégorique.
Pire, j'ai déjà observé des femmes attendant le 3ème annonçant leur grossesse, et la manière de les féliciter la plus courante est le : "Encore !", voire le "C'était voulu ???". Comme si c'était la pire des folies ou des caprices d'accueillir volontairement un 3ème enfant dans une famille.
Il y a aussi des histoires comme la mienne ou suite à un accouchement difficile, l'équipe médicale annonce une éventuelle stérilité. Et là, parfois quand j'ai confié mes inquiétudes par rapport à cela, on m'a répondu : "Oh tu sais deux enfants c'est bien, en plus tu as une fille et un garçon, ça doit te suffire...". Sauf que j'ai envie de conserver mon corps intègre. J'ai envie de savoir que je peux encore enfanter même si je ne le fais pas. Je ne peux pas à 30 ans me dire : "Voilà pour moi c'est terminé, que je le veuille ou pas, jamais plus un bébé grandira au creux de moi". Alors, dans cette situation les normes à la con, les phrases toutes faites, prononcées juste pour rassurer, ça ne fonctionne pas. Pire, ça ne sert qu'à raviver des sensations douloureuses tout au fond de soi. Car vouloir un enfant de plus ou pas doit rester un choix de couple et pas la résultante d'une pression sociétale ou dans mon cas d'une erreur médicale...
Ce soir je pense à tout cela car il y a peu, j'ai appris que mon corps était redevenu le même qu'avant la grossesse du plumeau (excepté les kilos !), que si je le désirais encore une fois, ce corps aurait la capacité de fabriquer une autre vie. Cela ne veut pas dire que je vais le faire. Mais le fait de savoir que c'est possible me réconcilie encore davantage avec lui. Moi aussi, je pourrais comme beaucoup de jeunes femmes me retrouver un jour face à ce choix cornélien, un choix qui opposera la raison et les sentiments.