Etre mère, c'est se faire aborder chaque jour par d'illustres inconnus
D'un naturel plutôt discret (enfin au dessous de 2g d'alcool par litre de sang), je suis très étonnée de me faire aborder chaque jour par d'illustres inconnus. Encore plus lorsqu'ils entretiennent des discours assez loufoques et accessoirement me parlent de leurs enfants et des miens :
A chaque visite chez mon généraliste je n'y coupe pas. Pour un peu que la salle d'attente soit remplie de femmes d'âge plus que mûr je sais d'avance que Plume et Plumeau vont leur apporter l'occasion d'évoquer leurs grossesses, épisios, descentes d'organes, leur postérité, leur divorce et les défaillances de leurs ex.
C'est comme ça que j'ai su que ma voisine de chaise avait 3 enfants : Kevin, Christopher et Stanislas (oui notez le choc culturel entre les 2 premiers prénoms et le 3ème, mais bon, j'ai aussi appris que le 3ème était un accident de pilule, on est entre nous on s'dis tout tu vois...). J'ai ainsi su que Kevin (23 ans) et Stanislas (19 ans) étaient alcooliques, "Christopher au moins il bosse lui" qu'elle me dit sa mère. Et puis son ex-mari qui est parti avec "une jeune connasse en me laissant me démmerder avec les 3 gosses", je cite.
Là, y'a du lourd, je sens que si le médecin ne débarque pas dans la minute je vais avoir droit à un rapport détaillé sur les dérives du devoir conjugal avec son ex et ses fantasmes scatos qu'elle n'assumait pas. A la boucherie de ses accouchements et sa déchirure sur 10 cm (au moins oui !), puis à une comparaison de cicatrices de césarienne avec sa voisine de droite. Pour un peu qu'elle me demande de dégainer la mienne, je commence à ressentir le même stress que le jour de ma rentrée de 6ème.
Bon, il arrive quand ce toubib, que je conserve mon intimité... Ah, le voilà "La mère si et le plumeau, c'est à vous", OUF !
Hier, retour chez lui pour la visite des 3 mois du Plumeau. J'entre dans la salle d'attente et tout le monde se pousse pour me faire de la place, bah oui, j'ai un bébé avec moi, les gens sont plus attentionnés que quand quand il est dans le ventre. Et comme les kilos sont toujours là, ils se tatent à me laisser 2 chaises, rapport à mon fessier de poney.
Mais bon, la question, n'est pas là, je sens que je vais encore devoir causer couches, layettes, vérités universelles-locales.
Ah, ça y'est une gentille dame se lance, elle me demande si c'est une fille ou un garçon.
J'ai très envie de répondre que c'est une fille, qu'elle s'appelle Monique et que je l'habille en bleu dans l'espoir qu'elle se fasse un jour greffer des cojones, car j'ai toujours rêvé d'avoir un garçon et c'est la huitième fois que j'échoue. Qu'est ce que je vais encore foutre d'une gonzesse, j'avais même pas de prénom, d'où le Monique, choisi par le personnel de la maternité pour me punir de ne pas avoir accepté la ligature des trompes. Mais non, je suis polie et éduquée, je lui réponds que c'est un garçon et qu'il s'appelle Plumeau.
Elle me demande si j'ai d'autres enfants, "oui oui, j'ai aussi une fille de 3 ans", "Ah, c'est bien ça, une fille et un garçon, vous avez bien travaillé". J'ai eu envie de lui répondre : "Oui, c'est pour cela que le père formant a été nommé quéquette d'or 2012"; mais je ne l'ai pas fait, je suis décidemment trop bien éduquée.
Et puis cette dame m'a gentiment parlé de ses petits enfants et gentiment, je l'ai écoutée. Je lui ai même répondu et nous avons échangé des dizaines de banalités courtoises. Sans le plumeau, elle ne m'aurait jamais abordée, et lui qui pionce tranquillement dans son cosy sans se douter être à l'origine de mes balivernes de multipare sociable.
La tâche se corse, lorsqu'une jeune femme, toute de jogging vêtue, fardée d'eye liner bleu, et affublée d'une coupe à la Bonnie Tyler arrive en braillant : "Ohlala, il fait pas chaud là-dedans", (oui j'ai bien dit jeune, enfin, elle doit avoir mon âge quoi).
Je ne sais que lui répondre à part "Bonjour" tout bas, pour ne pas réveiller le plumeau.
Là, elle se penche et dis : "Tiens, un bébé !" (non, non c'est un caniche abricot bien emmitouflé, on est pas chez le véto, là?).
Puis, "Ah, il dort?"
Moi : "Euh, oui"
Elle : "Et vous voulez qu'il se réveille?"
Moi : "Euh, non, je ne préfère pas."
Elle : "C'est une fille?"
Moi : "Euh, non, c'est un garçon."
Elle : "Ah ouais, c'est bien d'avoir des gosses !"
Moi : "Euh oui"
Elle : "Enfin, moi j'peux pas en avoir, j'ai un bordel dans le bras là, j'ai ça pour 3 ans, ils m'ont foutu ça"
Moi : "Ah, d'accord" (Remarquez la richesse de mon discours !)
Elle : "Mais bon, vous êtes sûre que vous voulez pas qu'il se réveille?"
Moi : "Non, vraiment, je ne préfère pas"
J'aurais pu vous retranscrire la suite du dialogue si le médecin n'était pas venu me sortir des griffes de la femme au joggos. Zut, quoi !
J'ai aussi vécu mon p'tit quart d'heure de célébrité avec le plumeau sous le bras (pour ne pas dire dans le soutif), lorsque nous avons rendu visite à la grand-mère du père formant, dans sa maison de retraite.
Sa grand-mère est un modèle de réserve, de douceur et de discrètion, mais ce n'est pas le cas de toutes les dames résidant ici. Mais grâce à elles et leur discours saugrenus nous avons passé un moment plutôt rigolo.
Le plumeau comme à son habitude quand il est dans un lieu qu'il ne connait pas à tout de suite réclamé le sein. Je m'attelle donc à lui donner son anti-stress lorsque plusieurs dames s'approchent de moi :
La première me parlant du tricot qu'elle fait pour son futur arrière petit fils, jusque là tout va bien.
La deuxième, une femme tronc me regarde et déclare : "Ah, qu'est ce que c'est bien ça : Directement du producteur au consommateur !" (J'ai adoré cette expression, elle devrait être blogueuse, enfin, avec un logiciel de reconnaissance vocale, rapport à ses bras, non, je me tais, j'arrête là, c'est horrible...). Puis, elle ajoute : "Moi, j'ai eu trois enfants, je l'ai ai tous allaité, qu'est ce que c'était bien. Enfin, mon fils ainé c'était une autre histoire, lui il était vicieux, oui vicieux, j'vous dis, il me tirait en permanence sur le corsage pour trouver mon sein, et ça partout, oui, même dans le bus il me déshabillait, un vicieux celui-là". (Cette dame est drôle, je l'aime déjà, si j'avais 50 ans de plus je voudrais passer mes journées à la cafet' avec elle).
La troisième arrive sur un mode plus interrogatif :
-C'est une fille ou un garçon?"(décidemment...)
-Euh, c'est un garçon (Je pense bien à lui servir l'histoire de Monique mais elle aurait été capable d'y croire)
-Ah, il boit là?
-Oui
-Il boit au sein?
-Euh, oui
-Les garçons ça boit plus souvent que les filles?
-Euh, non, je ne pense pas.
-Ah si.
-Ah bon?
-Oui, ils aiment plus le sein.
-Ah oui d'accord peut-être (vraiment, je ne suis pas contrariante, ça donnerait presque envie de m'adopter).
-Ah, si je vous jure, ils aiment ça boire au sein. Et vous êtes sûre que c'est un garçon?
-Oui, oui, je suis bien sûre. Euh, excusez moi, je vais aller retrouver son père, au revoir, bonnne journée !
ALORS VOUS EN VOULEZ D'AUTRES DES HISTOIRES COMME CA?
PARCE QUE J'EN AI DES TONNES !
ET VOUS CA VOUS ARRIVE AUSSI !?
C'était ma petite participation à "Etre mère" de notre jeune mariée BABIDJI