Vivre sa vie en dehors des enfants
Quand on est jeunes parents on a tendance à s'oublier.
Toute notre attention est centrée sur notre progéniture. On passe des heures à l'observer, à penser pour lui, en fonction de lui, de ses besoins. On chiale au moment de reprendre le travail, on a du mal à accepter de ne pas être complètement indispensables pour notre bébé tout frais.
Et puis on se dit qu'il nous faut du temps pour nous, pour notre couple, alors, notre petit rejeton, on ose le confier pour la soirée, on se fait un restau, un ciné, on va boire un verre. Mais bon, ce n'est plus comme avant, au mieux on passe son temps à parler du p'tit héritier, au pire on a qu'une envie c'est de s'enfuir pour le retrouver.
Le temps passe et souvent on réussi à faire la part des choses, le niaf, n'est plus notre seul centre d'intérêt, on est parfois heureux de pouvoir enfin passer du temps hors de la maison pour enfin profiter, discuter, boire, refaire le monde, brailler, rire, chanter, raconter son intimité (et perdre toute dignité!). Chacun trouve sa place, réussissant à résoudre des énigmes mathématiques permettant d'allier travail, gestion du quotidien, temps pour les enfants, temps pour le couple, pour soi, pour sa vie sociale, pour se cultiver...
On est plutôt fiers de cette réussite, alors on s'dit "voilà la place pour le deuxième enfant est en train de se faire, nous sommes prêts, on jette la pilule par la fenêtre...". Et puis quand le terme approche, on se dit "vite profitons un peu avant le deuxième grand saut."
J'ai repensé à cette dimension là hier, parce que le père formant m'a appelé hier en sortant du travail pour qu'on se fasse un restau juste avant mon cours de prépa à l'accouchement. La plume était chez nounou et nous les yeux dans les yeux, comme avant quand nous n'avions que ça à faire de nous regarder mutuellement le nombril (beaucoup moins proéminent que maintenant, même pour le père formant, je vous assure !).
Nous avons pu parler de nous deux et me rendre compte à quel point il assure le père formant, parce que s'il n'était pas si parfait, l'équilibre de notre couple n'aura jamais pu tenir aussi bon, vu le nombre de mes imperfections au quotidien. Et c'était bon de savourer ce moment où on a pu mesurer la chance de réussir ce que nous entreprenons ensemble, tout en redoutant que cet équilibre soit ébranlé par les changements qui nous attendent.